• Bornes et croix frontière des Pyrénées 296 à 311

    Les bornes frontalières des Pyrénées numérotées de 296 à 311 s'échelonnent du Pas d'Aspe ou Chourrout d'Aspe au col de Sobe.

    Le Traité de délimitation de la frontière de la Table des Trois Rois au Port de Bouet, du 14 avril 1862, précise: 

    - "Article 11.- La jouissance des pâturages dans le versant septentrional de la montagne d'Aspé, propriété de la vallée d'Anso, appartiendra, deux années sur trois, à cette vallée, la Vésiau d'Aspé, composée des communes de Cette-Eygun, Etsaut et Urdos, n'ayant que la troisième, laquelle correspond à 1863, 1866 et aux années qui se succèdent périodiquement au même intervalle.".

    - "Article 12.-La Vésiau d'Aspé et la ville de Jaca jouiront en commun des pâturages des montagnes d'Astun, de la Raque et Raquette, propriété de Jaca, sur le versant méridional des Pyrénées, ainsi que de ceux des communaux de la Vésiau contigus à ces montagnes sur le versant français... L'usage du pâturage de la Raque et Raquette, compris entre Somport et les montagnes de Comdetju, d'Espoulunguet et d'Astun, sera libre en toutes saisons, de jour et de nuit, pour les troupeaux de Jaca et de la Vésiau. Enfin, Jaca continuera à payer annuellement à la Vésiau d'Aspé cent trente sols jaquèses qui, en monnaie actuelle, font, à peu de chose près, cent vingt-deux réaux de vellon ou trente-deux francs. "

    Le même Traité précise dans son Article 9 que: "Les autorités municipales respectives prendront avec l'approbation des autorités civiles supérieures du Département et de la Province, les mesures qui leur paraîtront les plus convenables pour assurer la conservation des bornes et le remplacement de celles qui auraient été détruites ou enlevées. Elles s'entendront pour que chaque année, au mois d'août, il soit fait de concert une reconnaissance des bornes qui marquent la ligne séparative de leurs territoires, et pour rédiger en commun un rapport destiné à informer les susdites autorités civiles supérieures du résultat de cette reconnaissance.". En 1131 le roi Alfonse 1er d'Aragon concède l'usage des pâturages frontaliers de Candanchu, La Raqueta, Astun et Espelunguet aux moines de l'Hôpital de Santa Cristina du Somport. En 1397 le roi d'Aragon confisque aux bergers Aspois la jouissance de ces mêmes herbages. Ces derniers retrouveront leur droit d'usufruit au début du XVI ème siècle, sous le règne de Fernand le Catholique. Chaque année, conformément à l'Article 9, toutes les communes bénéficiant du Traité de la Vésiau (Etsaut, Cette-Eygun et Urdos) commémorent avec la ville aragonaise de Jaca ce Traité au col du Somport, en période estivale. Il est procédé à un échange de cadeaux et à la vérification des bornes et croix frontière limitant les pâturages.

    L'article 13 du Traité du 14 avril 1862 précise que: "- Sont confirmés les usages existants entre les habitants de Sallent et de Lanuza de la vallée de Tena, et ceux de la vallée d'Ossau, relativement à leur droit réciproque de gîte; pour les premiers à la majada de Tourmon dans la montagne d'Anéou en France, et pour les seconds à la grotte de Samorons ou majada de lou Roumiga en Espagne."

    L'annexe II de la convention additionnelle du 27 février 1863 au Traité du 14 avril 1862, précise sous le titre "Terrains d'un usage commun aux vallées d'Ossau et de Téna" que: "Il existe entre le Pourtalet d'Anéou (repère international n° 310) et le pic de Peyrelu à l'Est, deux petits territoires de même dimension, séparés par la montagne d'Estrémère, et qui sont communs aux troupeaux d'Ossau et de Téna.

    Le premier à l'Est du Pourtalet, entre la ligne de faîte qui sert de limite internationale et un mur de pierres sèches, au Nord, sur le versant de France.

    Le second au Sud du col de Peyrelu, sur le versant d'Espagne, entre la crête des Pyrénées et celle des deux rameaux qui se joignent à environ 80 mètres du col, à des rochers presque à fleur de terre, sur lesquels est gravée une ancienne croix, et qui s'appellent las Saléras (Salières), parce qu'on y donne le sel aux troupeaux des deux vallées.

    Après la croix frontière numéro 296 gravée sur une roche de l'escarpement vertical du Pas d'Aspe ou Chourrout d'Aspe, un sentier continue horizontalement vers l'Est-Nord-Est pour aller rejoindre plus bas le GR 11. Attention ! car une vingtaine de mètres après le Pas d'Aspe, ce sentier a été emporté sur une dizaine de mètres par un éboulement de terrain bad et il faut avoir le pied montagnard pour franchir ce passage très raide en passant sur l'herbe juste au-dessus de la partie supérieure de l'effondrement ^^ (10 septembre 2009) . Un nouveau sentier passe à la base de cet effondrement !

    La croix frontière numéro 297 était initialement gravée, face Nord, au pied d'un immense rocher vertical, sur la ligne de partage des eaux. Un échange de lettres entre la France et l'Espagne des 31 janvier et 7 février 1985, modifiant l'annexe I de la Convention additionnelle du 27 février 1863 au Traité de délimitation du 14 avril 1862, signale les opérations frontalières réalisées dans la région du Somport au cours des années 1977 et 1978: "La croix frontalière 297 disparue a été remplacée par une pyramide blanche élevée sur un petit plateau, situé sur la ligne de partage des eaux, à une centaine de mètres du pied de l'immense roche verticale où était gravé le repère 297. La ligne droite qui définit la frontière entre les repères 297 et 299 et s'écarte là de celle de partage des eaux en passant par la croix 298 gravée sur un rocher, a été jalonnée de trois bornes intermédiaires: la première à 328 mètres du nouveau repère 297 et à 752 mètres de la croix 298, la seconde à 525 mètres de la première et à 227 mètres de la croix 298 et la troisième à 225 mètres de la croix 298 et à 175 mètres de la borne 299". Le 16 mai 2009 la "pyramide blanche" était en triste état ! arf

    La croix frontière numéro 298 est difficile à trouver, j'ai agrandi le cairn qui se trouve à proximité wink2 .

    Le procès-verbal d'abornement du Traité de délimitation du 14 avril 1862 précise pour le signal frontière numéro 308 : "Borne au col Mayou ou de las Névéras". Cette borne frontière n'est pas située au col Mayou mais à près de 300 mètres à l'Est, sur la crête, à quelques mètres du sommet du pic d'Arnousse.

    La croix frontière numéro 311 gravée sur une roche au col de Sobe (2449 mètres) marque le dernier repère frontière, entre le département des Pyrénées-Atlantiques et l'Espagne, prévu dans la Convention additionnelle du 27 février 1863 au Traité de délimitation du 14 avril 1862. 

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    Observations sur le terrain le 11 août 2017:
    En suivant les restes de murets en pierres sèches qui matérialisent les limites des terrains d'un usage commun aux vallées d'Ossau et de Tena et non la frontière franco-espagnole, ainsi que l'inutile et inharmonieux cordon/clôture (électrique ? comme celui du Puerto Viejo de Sallent) qui longe cette même limite, il y a plusieurs croix peintes en rouge. Si certaines recouvrent ce qui semble ressembler à des croix gravées dans la roche, d'autres sont peintes sans que l'on ne puisse déceler la moindre trace d'une quelconque gravure sarcastic . Par contre j'en ai trouvé deux qui étaient bien gravées mais pas peintes, je les ai rehaussées avec de la craie blanche qui disparaîtra rapidement avec la pluie.
    La croix gravée sur un rocher presque à fleur de terre, à environ 80 mètres du col de Peyrelue ou Puerto Viejo de sallent est celle qui délimite le second terrain d'usage commun aux troupeaux des vallées d'Ossau et de Tena. On voit bien que le numéro "310 BIS" gravé à côté est une gravure qui a été rajoutée à tort car ce n'est pas une croix délimitant la frontière franco-espagnole. L'inharmonieux cordon/clôture électrique qui passe à tort plus au Sud de cette limite n'est pas à sa place !

    Petit rappel historique:
    Le procès-verbal d'abornement du Traité du 14 avril 1862 portant sur la délimitation de la frontière entre l’Espagne et la France, précise qu'à partir de la borne frontière numéro 299 située au sommet de la Coume de la Légna ou de Candantchou "la ligne internationale se confond complètement avec la ligne de faîte de la chaîne principale, jusqu'au delà du port de Vénasque où se trouve le repère n° 332. "
    L'annexe II de la convention additionnelle du 27 février 1863 au Traité du 14 avril 1862, précise sous le titre "Terrains d'un usage commun aux vallées d'Ossau et de Téna" que: "Il existe entre le Pourtalet d'Anéou (repère international n° 310) et le pic de Peyrelu à l'Est, deux petits territoires de même dimension, séparés par la montagne d'Estrémère, et qui sont communs aux troupeaux d'Ossau et de Téna.
    Le premier à l'Est du Pourtalet, entre la ligne de faîte qui sert de limite internationale et un mur de pierres sèches, au Nord, sur le versant de France.
    Le second au Sud du col de Peyrelu, sur le versant d'Espagne, entre la crête des Pyrénées et celle des deux rameaux qui se joignent à environ 80 mètres du col, à des rochers presque à fleur de terre, sur lesquels est gravée une ancienne croix, et qui s'appellent las Saléras (Salières), parce qu'on y donne le sel aux troupeaux des deux vallées."

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    Les cartes IGN à utiliser sont les 1:25000, 1547 OT Ossau Vallée d'Aspe Parc National des Pyrénées et 1647 OT Vignemale Ossau Arrens Cauterets Parc National des Pyrénées.

    Voir galerie photos des bornes frontière 296 à 311




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