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Par Robert Darrieumerlou le 28 Novembre 2009 à 14:06
Les bornes frontalières des Pyrénées numérotées de 237 à 262 s'échelonnent du Port de Larrau ou Uthurzéhétako-Lépoua au col de la Pierre Saint-Martin.
Non prévue dans l'annexe V du Traité des limites du 2 décembre 1856, une borne frontière portant le numéro 237 bis a été rajoutée à l'Est du tout proche Port de Larrau, avec un nivellement de l'IGN où il y est gravée l'altitude de 1577 m. La borne frontière numéro 237, qui est juste au-dessus de l'aire de stationnement du Port de Larrau, n'est pas mentionnée sur la carte IGN au 1:25000.
Pour la limite frontière numéro 246, l'annexe V du Traité des limites du 2 décembre 1856 précise: "246. A 1240 mètres, au sommet le plus élevé de Ochogorrico-gaïna et sur un rocher au bord de l'escarpement situé du côté de la France; il y a une croix." Au sommet de l'Otchogorrigagna (1923 mètres) il y a une borne frontière portant le numéro 246, également signalée par la carte IGN, et une croix sans numéro gravée sur une roche à côté de la borne.
La même annexe V du traité des limites du 2 décembre 1856 précise, par erreur, pour la limite frontière numéro 248: "... au point culminant et le plus oriental de la montagne que les Français appellent Chardacaco-gaïna et les Espagnols Baracea-la-Alta; il y a une roche signalée par une croix." . La croix frontière numéro 248 est gravée sur une roche couchée située au sommet Occidental de Chardékagagna (1881 mètres), le sommet Oriental culminant à 1893 mètres.
La borne frontière numéro 249 a été omise par l'IGN sur sa carte au 1:25000 Top 25, elle se trouve à Chotako Lépoua (1696 mètres), un petit col situé au Nord du pic de Belhay.
La croix frontière numéro 251 est gravée "sur une roche qui domine le chemin et qui fait partie d'un grand éboulement", la croyant disparue, il a été placé une borne portant le même numéro en bordure de l'ancien sentier sur le flanc Nord de la Kartxela (1680 mètres).
La borne frontière numéro 255, "Au col de Ourdaïté, à 860 mètres du pic de Guimbéléta, et à 40 à l'Ouest du chemin qui va de Sainte-Engrace à Isaba." a disparu et n'a pas été remplacée au 20 novembre 2009. Un petit menhir (1660 mètres), situé entre le Port d'Ourdayté (1416 mètres) et le Port de Cortaplana (1696 mètres) aurait pu servir de borne frontière, pour être tout près du passage qu'empruntaient les "Hirondelles", ces travailleuses espagnoles des vallées de Anso et Hecho, qui partaient de Isaba pour rejoindre Sainte-Engrâce afin d'aller travailler dans les usines d'espadrilles à Mauléon.
L'annexe V du Traité des limites du 2 décembre 1856 signale pour la limite 257: "A 600 mètres du col d'Eraïsé, sur le chemin d'en haut, au lieu nommé coin de Sempori. Outre le numéro, cette borne porte aussi la lettre S pour la distinguer d'une autre qui est sur le chemin d'en bas, avec le même numéro et la lettre N, mais pour un autre objet, comme il sera dit ensuite." La carte 1:25000 IGN signale la borne frontière numéro 257 en bordure de la route, la carte 1:50000 de Randoéditions n°3 Béarn Parc National des Pyrénées signale la borne frontière numéro 257 détruite ! Le 21 mai 2010, la borne était bien présente à une quinzaine de mètres à l'Ouest de la route, plus au Sud-Ouest que ne l'indique la carte IGN au 1:25000 (édition 1 de 1995), à environ 370 mètres au Nord-Est de la borne frontière numéro 256 d'Errayzéko Lépoua et à moitié recouverte de terre et de pierres.
Dans le Décret du 6 février 1985 modifiant la frontière le long de la route d'Arette à Isaba, où les souverainetés française et espagnole se cèdent mutuellement une surface égale de 2710 mètres carrés, l'article 1er précise: "Les bornes n° 258 et 259, décrites dans l'annexe V du Traité des limites du 2 décembre 1856, seront désormais situées de la manière suivante:
Borne 258, dans le Ferial d'Eraice, à 33,5 mètres de l'axe de la route de Isaba à Arette sur la normale audit axe au droit du point kilométrique 22 vers le Nord et à 26 mètres au Sud-Ouest du gouffre qui s'ouvre en ce lieu. Borne 259, à 277 mètres de la précédente en direction sensiblement du Nord-Est et à 15,50 mètres de l'axe de la route, au Nord de celle-ci. Un schéma illustratif est joint à la présente Convention." L'article 3 précise: "La Commission internationale des Pyrénées fera en sorte qu'il soit procédé par les experts qu'elle aura désignés à l'exécution du nouvel abornement et à la destruction de l'ancien."
Tout près et juste en-dessous de la borne frontière numéro 258, il y a une croix et le numéro 258 gravés sur une roche presque verticale. Aucun écrit ne le signale. Lors de mon passage le 21 mai 2010, j'ai fait réapparaître la croix qui était dissimulée par la végétation.
Tout près de la borne frontière numéro 259, il y a une croix et le numéro 259 gravés sur une petite roche presque horizontale. Aucun écrit ne la signale.
Environ un mètre au-dessus de la croix frontière numéro 260, gravée sur un rocher au col de Comalonga ou col de Couma Longa, il y a une ancienne croix frontière gravée.
La croix frontière numéro 261 n'est pas facile à trouver dans les Arres à l'Ouest-Sud-Ouest du col de la Pierre Saint-Martin et à une centaine de mètres plus à l'Ouest de la ligne frontière de la carte IGN 1:25000. Il y a deux croix gravées au-dessus du numéro. L'annexe V du Traité des limites du 2 décembre 1856 précise: "261. A 1400 mètres du signal précédent, croix taillée dans une roche presque verticale, au col de Léché ou Leja. De là à la pierre de Saint-Martin, la frontière va en ligne droite et se confond presque avec le chemin au Nord duquel il y a trois petites croix sans numéro, servant de repères de délimitation." En 2014, ces trois petites croix étaient encore en place !
Au-dessus du Gouffre Lépineux, et à une centaine de mètres au-dessous du col de la Pierre Saint-Martin, il y a une borne sans numéro, à section triangulaire, avec une face où est gravé "E" (Espagne) une autre "F" (France) et rien sur la troisième. Située près de la route et en bordure du vide vers lequel elle penche, elle ne va pas tarder à se retrouver au fond du ravin qu'elle domine . De l'autre côté de la route et à une vingtaine de mètres il y en a une autre, et au Nord-Est et à une cinquantaine de mètres au-dessus, il y en a une troisième, identique aux précédentes, en bordure du parking du refuge.
La borne frontière numéro 262, située au col de la Pierre Saint-Martin, est sans doute la plus renommée de la frontière des Pyrénées . La Convention additionnelle du 28 décembre 1858 au Traité de délimitation du 2 décembre 1856 précise dans son sujet Baretous et Roncal: "Entre Baretous et Roncal.
Article 1er. A partir du 10 juillet de chaque année, les troupeaux de toute espèce de la vallée de Baretous auront le droit de jouir librement, pendant vingt-huit jours de suite, des herbes et des eaux des territoires d'Ernaz et de Leja, connus sous le nom de Port d'Arlas, à condition de ne pouvoir parquer ni gîter de nuit dans lesdits territoires, étant tenus au contraire de rentrer pour passer la nuit dans leurs propres limites. Cet espace de temps écoulé, et dès le jour suivant, les troupeaux de Roncal auront le droit de jouir librement desdits pâturages jusqu'au 25 décembre, de la même façon que ceux de Baretous, c'est-à-dire de soleil à soleil, et à la charge de se retirer chaque soir sur leur propre territoire pour y aller parquer et gîter la nuit.
Ni les uns ni les autres troupeaux ne pourront pénétrer, sous aucun prétexte, sur le terrain de la facerie, en dehors des époques qui leur sont respectivement assignées. Les pasteurs des deux vallées auront néanmoins la faculté d'aller en tout temps prendre de l'eau aux fontaines et aux sources pour les usages ordinaires de la vie.
... Article 4.- Tous les ans, le 13 juillet, les maires et alcades (lire alcaldes) des communes qui ont part à la facerie se réuniront près de la borne de Béarn ou Pierre-de-Saint-Martin pour traiter de tout ce qui concerne ladite facerie, et procéder à la perception des amendes encourues par les infracteurs.
Article 5.- Le même jour et dans le même lieu, les habitants de Baretous sont tenus, conformément à un antique usage, de remettre aux représentants de la vallée de Roncal trois génisses sans défaut, de deux ans chacune."
Le 13 juillet de chaque année, les maires des vallées de Baretous et de Roncal se retrouvent à la borne frontière numéro 262 pour renouveler l'accord promu par la sentence arbitrale d'Anso du 16 (ou 13) octobre 1375 "La Junte de Roncal" qui semble être le plus ancien traité encore en vigueur en Europe. Il fut réalisé pour rétablir l'ordre et la paix entre les habitants des vallées de Barétous et de Roncal, en réglant le bornage des territoires des deux vallées, l'usage des pacages et des fontaines du Port d'Arlas et les réclamations à propos des derniers combats.
.Les faces et les tranches de la borne frontière numéro 262 sont gravées:
- La face côté français est gravée "+ PIERRE 262 ST MARTIN 1858". 1858 correspond à l'année de l'abornement qui a été consigné dans le procès-verbal d'abornement contenu dans la Convention additionnelle du 28 décembre 1858 au Traité de délimitation du 2 décembre 1856.
- La face côté espagnol est gravée "+ 262 PIEDRA ST MARTIN 1858".
- La tranche Ouest côté route est gravée "HULOT". Pierre-Gustave, Baron Hulot (HULOT), capitaine d'état-major; assistait les Plénipotentiaires de France lors de l'abornement réalisé en 1858.
- La tranche Est côté opposé à la route est gravée "PES TEVAN". Pedro Estevan (P ESTEVAN), Commandant de Cavalerie, assistait les Plénipotentiaires d'Espagne lors de l'abornement réalisé en 1858.
Avant cette borne, au 14ème siècle, la pierre de Saint-Martin était un menhir sur lequel étaient gravées des croix. Ce menhir, signalé introuvable à l'heure actuelle, avait été signalé en 1571 par Esteban de Garibay, chroniqueur historien de Guipúzcoa, qui l'estimait à une "vara y media de alto" soit environ 1,20 mètre de hauteur, en 1687 par l'ingénieur Thierry qui l'avait évalué à 1,5 toise soit près de 3 mètres, et en 1858 dans le procès-verbal d'abornement de la frontière qui précise que la borne frontière numéro 262 a été placée "dans le col et à un mètre de la pierre de Saint-Martin".Lors de mon énième passage dans le secteur, le 5 octobre 2015 j'ai constaté l'existence d'un beau monument mégalithique caché par des pins, au-dessus et à une vingtaine de mètres de la borne frontière numéro 262.
Une très belle traversée à réaliser pour relier les bornes frontière 237 à 262, sachant que du col de Couma Longa (croix frontière 260) au col de la Pierre Saint-Martin (borne frontière 262), il vaut mieux longer la route pour éviter le terrain accidenté que suit le tracé de la frontière. Le dénivelé positif est d'environ 1370 mètres pour un dénivelé négatif d'environ 1180 mètres. Les cartes IGN à utiliser sont les 1:25000 Forêt d'Iraty Pic d'Orhy 1346 ET et Tardets-Sorholus Arette la Pierre St-Martin 1446 ET.
Voir galerie photos des bornes frontière 237 à 262
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